Ailleurs, peut-être
Elles frappent, virulentes, aux carreaux. Comme s'il y avait quelqu'un de l'autre côté pour briser cette séparation de verre et accompagner leurs coups.
Elles ont l'illusoire espoir d'y parvenir à elles seules, toutes les quatre, brisant le mur de la seule union de leurs volontés. Il ne peut y avoir de frein à notre détermination, semblent-elles vouloir démontrer. Robots acharnés, démesuréments téméraires jusqu'à en confiner à la folie.
Leurs membres sales et gélatineux s'arquent vers le ciel. Leurs extrémités noires, portant sans nul doute encore les germes bactériologiques des immondices qu'elles ont visité avant leur enfermement, parcourent sans relâche la paroi de leur prison. De temps à autre elles y sèment des souillures, dérisoires repères sur un chemin dont elles ne se souviendront de toute façon pas.
Elles passent. Elles repassent. Au-dessus des têtes. Comment crier au secours lorsqu'un obstacle insurmontable vous sépare du vrai monde ? Elles se laissent à présent glisser le long de la vitre, étrange ballet sans grâce. Elles tombent. Se relèvent. Persévèrent. Une pause ; elles essuient leurs membres - simulacre de lavage. "Quoi ! ces mains-là ne seront donc jamais propres ?... Il y a toujours une tache."
Soudain, au loin, on ouvre. Une d'entre elles réagit : elle tente sa chance. Prises d'une frénésie aussi bruyante qu'elle sera brève, ses consoeurs s'élancent à sa suite. Peine perdue : le froid mordant a dissuadé leur involontaire gardien de maintenir ouverte la vitre.
Notre courageuse, elle, exulte. Elle accompagne la danse des arbres, retrouve la saveur des courses à contre-vent, se grise de sa liberté retrouvée au moment où elle croyait devoir se résigner à la voir s'achever dans un nuage toxique1.
L'euphorie est de courte durée : elle est seule, enfermée dehors. Les autres sont restées dedans. Et la regardent de leurs yeux protubérants ; bientôt l'envie et une sorte de rage née du désespoir les agitent. Elles la manifestent en agressant leurs accidentels tourmenteurs.
Sans pouvoir déterminer si c'était l'agacement, la répulsion ou l'attendrissement qui me poussait à les libérer, en dépit du vent glacial, j'ai ouvert la fenêtre. Elles sont sorties avant que je ne me ravise.
Les trois autres mouches.
1 : enfin elle est bête, c'est pas avant juin le grand nettoyage voire le nettoyage tout court ^^
.... jeudi, dans une vaste salle de cours, avec 4 mouches rigolotes mais dégueu mais pénibles, sans chauffage (et ça augmente les droits d'inscription hein ! ). (oui oui oui, je bosse aussi en cours, à part quand c'est trop chiant, et que je ne saurais obliger mon esprit à se concentrer sur des trucs casse-c******, surtout quant ça caille ;-p)