L'étang
L'air vibrait à nos oreilles. Allongés sur le dos, dans l'herbe, on a contemplé les étoiles, nommé respectivement celles que l'on connaissait, baptisé les autres. Si nommer c'est apprivoiser, nous étions maîtres d'un imposant cheptel. Non loin de nous, un groupe de jeunes a allumé un feu et à travers les rires on distinguait des notes égrenées sur une guitare.
Un léger souffle de vent agitait la surface de l'étang, masse sombre d'eau en éternelle stagnation. Mais une stagnation calculée, voulue. Artificielle.
Et puis l'atmosphère lourde, orageuse. Les mouches dansent une sarabande autour de nous. Les phalènes, croyant trouver le soleil, viennent papillonner autour des photophores que tu as allumé. Je les chasse du revers de la main, plusieurs fois. Mais elles échappent à ma vigilance, petites soeurs d'Icare vouées à une existence éphémère.
Soudainement, l'obscurité se fait plus dense, un voile nous cache les étoiles. Les flammes des lumignons vacillent, avant qu'on ne les éteigne. L'orage éclate, violent. Presque autant que les mots qui couvaient entre nous, sinon moins.
Les gouttes de pluies s'écrasent sur nos visages avant que nous ayons eu le temps d'atteindre le couvert des arbres.
Et le silence dans l'habitacle est plus assourdissant que le tonnerre.