Remise sur le métier de la "fin"
Boileau disait, fort à propos : "Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage ". (il disait plein de belles choses, dans son Art Poétique comme ailleurs, mais en général on l'associe le plus souvent à ces vers qu'au reste)(je me vise dans le "on" ^^ ) En relisant mon texte, j'ai réalisé que je n'aime pas la fin ; qu'elle ne me plait pas, qu'elle n'a rien à voir avec le début du texte, que je n'ai pas envie qu'elle s'y rattache. Je l'ai baclée, pressée par le temps et surtout elle sert de vanne au flux des mots, elle n'a pas germé, elle passait par là et a clos l'histoire avant que celle-ci déborde du cadre, se répande comme un fleuve en crue sur des terres innocentes qui n'en demandaient pas tant, bref, elle a fait office de fin samedi vers 2h du mat' alors que je tapais le texte et que je réalisais, étonnée, la longueur d'icelui. Comme je l'ai écrite, je l'assume. Je ne la supprimerais donc pas, mais je vais mettre la partie "incriminée" en blanc sur fond blanc, comme ça elle sera là et en même temps pas là. Cela veut-il dire qu'il y a aura une suite, une autre fin? Certainement. Quand j'aurais envie.
En attendant, je voudrais vous faire partager ce texte de Queneau, qui m'a bien fait rire mais dont la simplicité sonne tout ce qu'il y a de plus juste, et qui accompagne mes sentiments quant à la lecture de vos textes :
"Prenez un mot prenez-en deux
faites cuire comme des oeufs
prenez un petit bout de sens
puis un grand morceau d'innocence
faites chauffer à petit feu
au petit feu de la technique
versez la sauce énigmatique
saupoudrez de quelques étoiles
poivrez et puis mettez les voiles
- Où voulez-vous donc en venir?
- A écrire
- vraiment? à écrire ?? "
Queneau, "Pour un art poétique", in Le Chien à la Mandoline, 1965
A demain et bon début de semaine ! (pffff sous la pluie :-S)