Brumes
Je m’en veux.
J’avais promis, je n’ai pas tenu cette promesse. Pas encore. C'est pourtant pas mon habitude, ce n'est pas moi, mais je dois bien admettre que cette fois-ci...
Manque de temps au départ, et après je ne sais plus. Un ensemble de facteurs externes discordants. Moi et mes problèmes. En tout cas, pas d’excuse valable, aucune qui ne vaille la peine d’être soulignée.
Il ne m’en veut pas, il comprend. Entre les blancs, extrapole. Imagine des choses qui n’ont pas lieu d’être ; il ne devrait pas, mais j’aurais du m’y attendre.
Lui attend. Sans rien dire. Que je tienne parole.
J’ai travaillé toute la nuit à tenter de me racheter. Peut-être à ses yeux, enfin surtout aux miens qui refusent de voir l’évidence. En vain, ma conscience ne se laisse pas monnayer , ne se pardonne pas ; le temps passé en silence non plus.
Il croit que je me désintéresse de la question, existentielle pour lui, que celle-ci ne mérite pas qu’on s’y attarde. Que je lui ai menti sur ce que je pensais de son problème, qu’en vérité il ne m’importait pas. Et Dieu sait quoi encore. Il prend tout à son compte. C’est faux, mais à sa place j’aurais certainement pensé pareil. Je m’en veux d’autant plus.
Aujourd’hui, tout est blanc.
Dedans, dehors.
Le ciel, les gens, les pages, les nuits, ses yeux, le clavier, ma colère envers moi-même.
Le brouillard a tout envahi. On ne distingue plus rien, les hommes et les choses s’estompent, les contours sont indistincts, les certitudes se brouillent. La brume a tout effacé.
Je m’en veux ; lui ne m’en tient pas rigueur. Il a attendu ; je me déçois. Il compte toujours sur moi ; je sais pas si je mérite sa confiance.
Dehors comme dedans, les nuages bas se condensent en de fines gouttelettes qui glissent sur les vitres.
On dirait qu’il pleut.
Le silence me dénonce.